Patel brown | The Belgo Building - 372 rue Ste-Catherine O, #412


Fatine-Violette Sabiri & Raúl Aguilar Canela | LOom
19 JAN - 18 FEB 2023

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At first glance, this exhibition of works from Fatine-Violette Sabiri and Raul Aguilar Canela could be read as yet another sign of craft’s full reintegration into the contemporary art world – especially textile-based work, which has garnered a lot of attention recently. Both artists have certainly been developing object-oriented practices that exist outside of the specific codes of painting, print or photography, while also hinting at the complex histories of these mediums. Nevertheless, in using ready-made fabrics as surfaces (towels for Sabiri, t-shirts for Aguilar Canela) rather than producing bespoke textiles, and in a revealing tension that ensues between the hand-made and the mass-produced, the intimate and the industrial, the intentional and the accidental, their works suggest a more complex relationship to craft. This relationship directly acknowledges the fallacy of the art object’s autonomy, proposing instead that an artwork always exists in dialogue with and in response to something else: with the body that brings it forth, with the social and political fabric it is woven into, with the memories and affects generated by its making.

Aguilar Canela’s t-shirt works are digitally-illustrated vignettes that are transfered  on t-shirts, and on which the artist applies multiple layers of oil paint to interfere and add to the motif. In addition to this series, which explores heartbreak, vulnerability and sadness under late capitalism, the artist is also presenting a selection of drawings, produced by the repeated addition of ink dots on paper, so seamless as to suggest digital prints, and in which he explores feelings of frustration and anger related to the labour of art. The works of Sabiri, a Casablanca-born artist, evoke Moroccan tapestries or decorative rugs, as a way to reflect on the commodification of culture and of its craft and material heritages. They are produced like photograms through the additions of various layers of ink, dye and discharge paste, a solution which, applied at different viscosities through screen-prints or with brush strokes, allows the artist to remove or replace colour on the surface. This process is as informed as it is intuitive, given that its results are not automatically revealed in the making: the fabric that receives the paste must then be steamed for a period of time, the vapor slowly exposing the subtraction of colour on the surface. Both artists also offer humorous and subtle nods to branding and self-representation in their works: the integration of Sabiri’s initials as motif evokes the importance of contemporary self-promotion, while Aguilar Canela’s paintings provide figures that mirror their viewers. But, rather than adopting a purely cynical mode of engagement with the world, their practices suggest a belief in art as a space where one can sort out the various anxieties and melancholies which loom ahead.

  • Daniel Fiset

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À première vue, cette exposition regroupant les œuvres de Fatine-Violette Sabiri et de Raul Aguilar Canela pourrait être perçue comme un autre signe annonciateur de la pleine réintégration de l’artisanat dans le monde de l’art actuel. Ce phénomène est d’autant plus discernable sur le plan du travail textile, un domaine ayant suscité beaucoup d’attention ces derniers temps. Les deux artistes ont manifestement développé des pratiques orientées objet, qui existent à l’extérieur des codes spécifiques de la peinture, de l’impression ou de la photographie, tout en faisant allusion aux histoires complexes de ces médias. Néanmoins, Sabiri et Aguilar Canela optent pour des supports textiles prêts à l’emploi plutôt que fabriqués sur mesure – des serviettes et des t-shirts, respectivement. Dans une tension révélatrice qui s’ensuit entre le fait main et le produit en série, l’intime et l’industriel, l’intentionnel et l’accidentel, leurs œuvres suggèrent un rapport plus complexe à l’artisanat. Ce rapport révèle sans équivoque le sophisme de l’autonomie de l’objet d’art, proposant à l’inverse qu’une œuvre d’art existe toujours en dialogue avec autre chose, puis en réponse à cette dernière. Citons notamment le corps qui la fait naître, le tissu social et politique dans lequel elle est créée ainsi que les souvenirs et les affects générés par sa conception.

Le travail sur t-shirt d’Aguilar Canela consiste au transfert de vignettes numériques sur le vêtement, puis à l’application subséquente de plusieurs couches de peinture à l’huile pour interférer et ajouter au motif. En plus de cette série qui explore le chagrin d’amour, la vulnérabilité et la tristesse à l’ère du capitalisme tardif, l’artiste présente également une sélection de dessins produits par l'ajout répété de points d’encre sur papier, lesquels sont si homogènes qu’ils suggèrent des impressions numériques. Par le truchement de cette démarche, Aguilar Canela s’interroge sur les sentiments de frustration et de colère liés au travail artistique. Les œuvres de Sabiri, artiste d’origine casablancaise, évoquent quant à elles les tapisseries ou les tapis décoratifs typiquement marocains, et se veulent un moyen de réflexion à l’égard de la marchandisation de la culture et de ses patrimoines artisanaux et matériels. Elles sont produites à la manière des photogrammes grâce à l’ajout de multiples couches d’encre, de teinture et de pâte décolorante, une solution qui, appliquée à différents niveaux de viscosité, par sérigraphie ou au pinceau, permet à l’artiste d’enlever ou de remplacer la couleur à la surface. Ce processus est aussi délibéré qu’intuitif, étant donné que le rendu n’est pas automatiquement révélé lors de la création. Le tissu qui reçoit la pâte doit ensuite être étuvé pendant un certain temps, la vapeur laissant lentement entrevoir l’extraction de couleur en surface. Les deux artistes font également référence, avec humour et subtilité, au branding et à l’autoreprésentation dans leurs œuvres. Par exemple, l’intégration des initiales de Sabiri en tant que motif rappelle l’importance de l’autopromotion contemporaine, tandis que les peintures d’Aguilar Canela proposent des figures qui reflètent leurs spectateurs. Toutefois, plutôt que d’adopter un mode d’engagement purement cynique envers le monde, leurs pratiques inspirent une conception de l’art en tant qu’espace, donnant lieu à une classification des différentes angoisses et mélancolies qui se profilent à l’horizon.

  • Daniel Fiset

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Fatine-Violette Sabiri is a multi-disciplinary artist who uses photographic, tactile and traditional craft mediums. Her practice is autobiographical and employs intuition toward examining personal narratives from encounters with people and objects in her immediate surroundings. Sabiri’s body of work acts as storytelling, sometimes as a testimony to her own experiences of community and intimacy, other times as a gesture acknowledging the shifts in culture and tradition post-migration. Throughout the varied disciplines and approaches in her work, she cultivates the importance of adaptation and humour.

Born in Casablanca, Morocco, Fatine-Violette Sabiri lives and works in Montreal, Quebec. She holds a BFA in Studio Arts with a Minor in Film Studies from Concordia University. Her work has been presented in several solo and group exhibitions, including Joys (Toronto, 2022), Joe Project (Montreal, 2022), The Plumb (Toronto, 2021), Le 18 (Marrakech, 2021), Jedna Dva Tri Gallery (Prague, 2020) and Soon.tw (Montreal, 2017). In 2022, she was awarded the prestigious Burtynsky grant.

Raúl Aguilar Canela is a Mexican-born artist based in Montreal whose main work explores painting as a post-medium practice. His current work serves as a space to converge personal stories with contemporary metanarratives of individual determination, self-exploitation, immigration, masculinity, and hard work. He received his MFA from Virginia Commonwealth University (Richmond, VA) in 2021. He holds a BFA from Concordia University (Montréal) in 2014 and a Bachelor in International Relations from Universidad de las Américas, (Puebla) in 2011. Aguilar Canela has participated in residency programs at Banff Centre and Est-Nord-Est. His solo exhibitions include I’ll teach my kids how to be aesthetically correct at Centre CLARK (2017), The State of Our Employability at TAP Art Space (2018) both in Montreal, and To my friends at Egret Egress (2019) in Toronto. In 2019, his work was selected to be part of the Bienal de Pintura Rufino Tamayo XVIII, in México City.

Daniel Fiset is a cultural worker, curator and author living in Tiohtiá:ke/ Moonyiang/Montréal. He is interested in the relationship between contemporary artistic and pedagogical practices. He has completed a Ph.D. in Art History from the Université de Montréal, and he is currently Adjunct Curator of Engagement at the PHI Foundation for Contemporary Art.

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Fatine-Violette Sabiri est une artiste multidisciplinaire qui utilise des médiums photographiques, tactiles et artisanaux. Son travail, autobiographique et intuitif, examine récits personnels et rencontres avec communautés, lieux et objets dans son environnement immédiat. Sa pratique photographique mêle images documentaires, portraits commissionnés et photos de mode. Le travail de Sabiri est alimenté par des souvenirs d’attachement dont les thèmes dominants sont l’hybridité, l’adaptation et l’humour.

Née à Casablanca, au Maroc, Fatine-Violette Sabiri vit et travaille à Montréal, Québec. Elle détient un BFA en Arts Visuels avec une mineure en études cinématographiques de l’université Concordia. Son travail a été présenté dans plusieurs expositions collectives et individuelles, notamment aux galeries Joys (Toronto, 2022), Joe Project (Montréal, 2022), The Plumb (Toronto, 2021), Le 18 (Marrakech, 2021), Jedna Dva Tri Gallery (Prague, 2020) et Soon. tw (Montréal, 2017). En 2022, elle fut lauréate de la prestigieuse bourse Burtynsky.

Raúl Aguilar Canela est un artiste d’origine mexicaine basé à Montréal qui explore la peinture comme une pratique post-médium. Dans ses œuvres actuelles, il fait converger des histoires personnelles avec des métarécits contemporains de détermination individuelle, d’auto-exploitation, d’immigration, de masculinité et de travail assidu. Il a obtenu sa maîtrise en beaux-arts de la Virginia Commonwealth University (Richmond, VA) en 2021. Il détient un BFA de l’Université Concordia (Montréal) en 2014 et un baccalauréat en relations internationales de l’Universidad de las Américas (Puebla), en 2011. Aguilar Canela a réalisé des résidences au Banff Centre et à Est-Nord-Est. Ses expositions individuelles comprennent I’ll teach my kids how to be aesthetically correct au Centre CLARK (2017), The State of Our Employability au TAP Art Space (2018), toutes deux à Montréal, et To my friends à Egret Egress (2019) à Toronto. En 2019, son travail a été sélectionné pour la Bienal de Pintura Rufino Tamayo XVIII, à Mexico City.

Travailleur culturel, commissaire et auteur établi à Tiohtiá:ke/Moonyiang/ Montréal, Daniel Fiset s’intéresse entre autres aux rapports entre pratiques artistiques et pratiques pédagogiques contemporaines. Il est titulaire d’un doctorat en histoire de l’art de l’Université de Montréal et occupe actuellement le poste de commissaire adjoint à l’engagement à la Fondation PHI pour l’art contemporain.

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